Il est mort le poète, il est mort le poète Qui semait la passion et la déraison Le versificateur du verbe, l'esthète Du subjonctif, le prêtre des saisons
Parce qu'il était en panne d'inspiration Il aimât les substances qui provoquent Les rêves et les hallucinations Depuis, contre son art il troque,
Pour obtenir du haschich ou de la mescaline De la marijuana pour quelques vers De l'alcool et du thé Pour une poésie érudite et raffinée
Il est mort le poète, il est mort le poète Celui qui croyait celui qui n'y croyait pas Il espérait il balbutiait il inclinait la tête Quand il cherchait les mots pas à pas
Il noyait son chagrin dans l'exactitude Et dans l'alcool n'est-ce pas Apollinaire ? Comme le verrier il soufflait les vers Croyait enfin trouver les mots par habitude
Il est mort le poète il est mort le poète Il amuse il réjouit en cascade Sous le manteau de ses tirades Les gens rient les gens le fêtent
Le bluff et le mensonge piétinent Dans un sursaut il cherche la rime Il est séduit par une tournure Hasarde ose et pour conclure
Abattu il reste là prostré La plume lentement chute Le sol éclaboussé par l'encrier Son sang-froid le quitte son esprit sans but
Le poète se meurt le chantre ne chantera plus Il est mort le poète