Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Christian CALLY

Adieu à l'Egypte

Je te quitte bientôt, ma berceuse féconde,
Je m’en vais loin, très loin, à l’autre bout du monde,
J’étais heureux ; jadis, tu m’emplissais d’éspoirs,
J’aimais tes jours brillants et tes paisibles soirs.

J’aimais ton ciel tout bleu, ton soleil, tes nuages,
J’aimais l’air qui chantait en frôlant tes feuillages,
J’aimais l’onde du Nil, nourrice aux seins séveux
Qui donne à tes feddans son limon généreux.

J’aimais tes grands palmiers qui me prêtaient leur ombre,
J’aimais ta pleine lune ornant ton dôme sombre,
Tes étoiles d’argent qui me clignaient de l’oeil,
Et qu’enfant je comptais une à une à mon seuil.

J’aimais les vieux fellahs, au regard mi-farouche,
J’admirais leur koftan de soie et leur tarbouche,
J’aimais tes monuments, Pyramides, tombeaux,
Tes sépulcres des Rois, tes muséums si beaux,

J’aimais, le soir venu, me plonger dans mes rêves,
Mais je regrette hélas, ces minutes si brèves,
Quand tu m’avais serré sur ton coeur chaleureux,
Mais que j’ai dû quitter pour toujours, malheureux!

Je te dois mon enfance et mon adolescence,
Je te dois les plaisirs de mes ans d’innocence,
Je te dois ma jeunesse, mon éducation,
Les dons que tu dotas ma génération.

Mais j’ai dû te quitter, mes yeux rouges de larmes,
Quand tu m’abandonnas, tu me remplis d’alarmes,
Tu tuas mes espoirs et mes ambitions,
Quand tu légiféras tes tristes sanctions.

Je te fis mes adieux en gardant dans mon âme,
Un certain souvenir, un souvenir sans blâme,
Car tu fus ma nourrice et me donna le jour,
Et souvent je revois mon si lointain séjour.

J’avance, maintenant vers l’hiver de mon âge,
J’aimerai caresser les traits de ton visage,
Revoir Héliopolis, parcourir Kasr El Nil,
Et pour un court moment, oublier mon exil.


Ecrit en 1950- Augmenté en 2001