Il faut que je résiste à écrire ces vers, Qui condamnent ce monde aux valeurs de travers, Je suis un vieux gaga qui n’a plus rien à faire, Que critiquer son temps de façon doctrinaire.
Après réflexion, j’ai la conviction, Que je prêche au désert, mon indignation, Je ne mérite pas, ni lauriers, ni louanges, Car souvent mes écrits ont des aspects étranges.
Très confortablement, assis dans mon fauteuil, Je pérore et je peint un monde en trompe-l’oeil, Je sais que très souvent je gonfle et j’exagère, Ce qui me tient au coeur, lorsque je vitupère.
Mais qu’ai-je fait, enfin, de tangible et concret, Autre que palabrer du haut d’un tabouret, Je ne suis ni César, Cicéron, ni Hercule, Je ne suis qu’un hâbleur au caquet ridicule.
Amis qui me lisez, je suis dans mes hivers, Soyez donc indulgents pour ce pondeur de vers, Je ne veux pas sombrer sans marquer mon passage, Si futile qu’il soit, pourchassant un mirage !
Je veux laisser un signe à ma postérité, Que je fus un aïeul de leur humanité ; Je veux qu’un seul poème avec ma signature Puisse être préservé pour ma progéniture.