La terre, un soir me dit : " Approche-toi, écoute, Les siècles m'ont vieilli, mon coeur est en déroute, Je suis lasse, sans force, et le froid de la mort Gèle tous les chemins qui mènent à bon port.
Regarde-moi, mon fils, regarde ton aïeule, Mets ton doigt dans mon flanc, enfant, ne sois pas veule, Tâte mon corps meurtri, vois ces filets de sang Qui répandent partout un linceul rougissant.
Regarde, autour de toi, les gestes de tes frères, Ils ne font que bâtir des foyers funéraires, Depuis l'aube des temps, ils s'érigent en dieux En créant des engins, de plus en plus odieux.
Va, prêche-leur la paix, dis-leur que je pardonne, Si chacun garde ce que le Seigneur lui donne, Dis-leur qu'en m'épargnant, ils sauvent les humains, Dis-leur, enfin, qu'ils ont leurs sorts entre leurs mains.