Désolation
Les fibres de mon coeur se sentent condamnées,
Par une intense peine après soixante années,
Mon amitié pour toi, pendant mon long parcours,
Fut un précieux soutien, au centre de mes jours.
Nous sommes arrivés au point de notre vie,
Où l’amitié reçoit un grand coup d’atrophie,
Mais pourquoi faudrait-il que notre esprit fécond,
Rende notre rapport si faible et moribond ?
Nous voici deux vieillards courtisés par les Parques,
Je voudrais oublier les blessantes remarques,
Qui, peut-être, ont creusé ce grand gouffre entre nous,
Je te donne ma main, mais non pas à genoux.
Mes souvenirs d’enfant sont pleins de ta présence,
Ils remplirent les jours de mon adolescence,
Ensemble, nous avons élevé nos enfants,
Les rapports de nos femmes ont été excellents.
Nous nous sommes cloîtrés derrière nos idées,
Que les ans ont couverts de toiles d’araignées,
Nous ne pouvons plus voir à travers ce brouillard,
Que l’amitié d’antan gît dans son corbillard.
Les vagues d’amertume ont envahi la plage,
Nos rêves de printemps effacés par l’orage,
Ont croulé sous le poids de l’incompréhension ;
Il ne reste plus rien de l’ancienne affection.
Tout ce lointain passé, basé sur un mensonge,
A révélé, trop tard, cette rouille qui ronge,
Et laise dans nos coeurs cet esquif démâté,
Qui se nommait, jadis, amour et vérité.
L’amitié fut, toujours, au centre de mon être,
Et je suis désolé de la voir disparaître,
Un faible lumignon, brûle encor dans mon coeur,
J’espère, sans espoir, de revoir sa lueur.
Au moment où la vie atteint son crépuscule,
Peut-être il serait temps de mettre la pendule,
Au temps qui nous faisait partager le bonheur,
Car le glas embuera notre rétroviseur.
22 Avril 2004