Enivrement
Souvent, je me demande, aux moments de mes rêves,
Quand le calme du soir me berce lentement,
Si la petite voix qui, si discrètement,
Réveille dans mon coeur cette latente sève,
Qui remplissait mon corps d'un fol enivrement.
Ô, jeunesse, jeunesse, aux beaux jours de fleurette,
Beaux jours où l'avenir paraissait si brillant,
Quand la chasse à l'amour rendait le sang bouillant ;
Chaque petite fleur était une amourette,
Qu'on cueillait gentiment, d'un geste sémillant.
Mes songes sont remplis de toiles d'araignées,
Leur dentelle s'étend enveloppant mon coeur,
Une épaisse poussière embrume la verdeur,
De ces heures qui sont, hélas, très éloignées ;
Je me retrouve assis, recouvert de sueur.
Oui, je ne suis plus jeune, et ma sève est tarie,
La poussière, pourtant, n'a pas séché mon coeur,
Je ressens de l'amour, dans toute sa splendeur,
Cet amour est si plein de paix, de griserie,
Au sein de ma famille ; et c'est ça le bonheur.
Je ne regrette pas rêver de ma jeunesse,
Elle m'apprit comment naviguer les torrents,
Surmonter les écueils, éviter les courants,
Puis arriver au port, à l'âge de sagesse ;
Mais ces vieux souvenirs sont, quand même, enivrants !
Christian Cally.
Décembre 2002.