Chante ô, terre féconde, étale tes verdeurs, Les miennes ont pâli et perdu leurs couleurs, Montre-moi ta beauté pour raviver mon âme, Qui s’éteint, lentement comme une vieille flamme.
La chaleur des beaux jours, de mes lointains printemps, N’est plus qu’un souvenir sur les ailes du temps, Maintenant c’est le froid qui fait tomber la neige, Sur ma tête courbée et lentement m’assiège.
Dans mes rêves, le soir, je me vois très souvent Regardant l’avenir ; lorsque j’étais enfant, J’avais comme alézan, l’épaule de mon père, Et comme protection, les genoux de ma mère.
Les saisons s’en allaient, mais revenaient toujours, Je ne les contaient plus, pendant ces bons vieux jours, J’enjambait les moments de mon ivre jeunesse, Avec insoussiance et sans grande sagesse.
Ô, ma terre féconde explique-moi pourquoi Ton enfant est plongé dans ce grand désarroi ; Je te vois avancer ouvrant très grand tes bras, Pour venir m’embrasser à l’heure du trépas.
Je veux te remercier pour tes jours de verdeur, Pour toutes ces saisons de vie et de bonheur, Je me sens humble et fier par ta grande largesse, Et tu seras, sans doute, ma dernière maîtresse.