Femme de Putiphar
Dans mes nuits, sans sommeil, je vois ton corps luisant,
Et je vois tes yeux noirs, tes énormes pupilles,
Je crois entendre encor ton chaud souffle grisant,
Qui hante mon esprit pendant mes nuits fébriles.
Tes grands cris de plaisir et tes gémissements,
Remplissent le silence autour de mon délire,
Tes ongles dans ma chair et tes attouchements,
Sont les seuls revenants de mon triste martyre.
Lorsque je pense à toi, ton corps voluptueux,
Tes seins durcis d’amour, tes lèvres frémissantes,
Tes cris et tes soupirs, ardents, tumultueux,
Fondent mon désespoir en larmes angoissantes.
Où donc sont-ils allés ces jours remplis d’amour,
Ces nuits où le sommeil ne venait qu’à l’aurore,
Ces ébats, quand nos corps n’étaient qu’un brûlant four,
Ouvrant tous les secrets des boîtes de Pandore ?
Je respire partout le parfum de ton corps,
Je t’aime, je te hais, je veux encor t’étreindre
Je revis chaque soir, nos merveilleux transports,
Et j’écoute mon coeur qui est prêt à s’éteindre.
Nous nous sommes quittés, sans même un au revoir,
Depuis, ma solitude est pleine de nuits blanches,
Je sombre dans ce lit, noyé d’un désespoir,
Qui fait dégringoler une amère avalanche.
Tu resteras toujours, femme de Putiphar,
Celle qui m’a trahi, quand tu pris des amantes,
Ton abandon devint mon constant cauchemar,
Qui m’entraîna, hurlant, dans les bras des bacchantes.
J’ai traversé le Styx, côtoyé les enfers,
J’ai bu, en sirotant, les poisons de la vie,
J’ai failli m’adonner aux griffes des pervers
Pour noyer mes chagrins, buvant jusqu’à la lie.
J’ai survécu, pourtant, ce trajet dégradant,
Et j’ai refait ma vie avec beaucoup de peine,
Mais je subis encor ce cauchemar ardent,
Qui détruit mon sommeil pendant mes nuits d’ébène.
Ces lointains souvenirs, enterrés dans mon coeur,
Rappellent très souvent les jours de ma jeunesse,
Ces beaux jours de plaisir, de chagrins, de vigueur,
Qui mettent l’aigre-doux dans ma longue vieillesse.
1er Avril 2004