Heureuse enfance
Sur les épaules de mon père,
Je me sentais roi des géants,
J'étais l'Hércule de la terre,
Le pourfendeur des mécréants.
Je m'en allais à l'aventure,
Un sabre, en bois, à deux tranchants,
Deux pistolets, dans ma ceinture,
Et des regards effarouchants.
Papa, mon grand cheval de selle,
Etait mon brave destrier,
Et le couvercle de poubelle,
Mon invincible bouclier.
J'étais ce brave légionnaire,
Qui galopait comme un spahi,
Sur son cheval imaginaire,
Mettant en fuite l'ennemi.
Après des heures de bataille,
Museau fumant, mon vieux coursier,
Cheveux en l'air, barbe en broussaille,
S'affaissait chez le pâtissier.
Il dégustait sa bière blonde,
Pour moi, c'était un grand éclair,
Nous savourions chaque seconde,
Chaque moment nous était cher.
Après ces longs jours de bataille,
Me paradant comme un titan,
Je retrouvais ma propre taille,
Sur les genoux de ma maman.
Ô ses caresses, ses étreintes,
Ses doux baisers, si consolants,
Qui soulageaient toutes mes craintes ;
Je n'étais plus que son enfant.
Ô souvenirs, si doux et tendres,
Des jours heureux, de mes printemps,
Ils sont enfouis dans les méandres,
De mon passé, des beaux vieux temps.
J'arrive aux jours de mon automne,
Je ne suis plus roi des géants,
Ma vie est calme et monotone,
Pépère, à mes petits enfants.
Christian Cally.
Décembre 2002.