Kyklos
Bientôt l'aube viendra réveiller la planète,
Lui redonnant l'éclat de toute sa palette ;
La nature prendra de nouvelles saveurs,
Et bannira des coeurs les morbides frayeurs.
Le monde entier lui rend ses chaleureux hommages,
Accueillant ses rayons, dans villes et villages ;
Son surgissant soleil répand dans tous les coeurs
Son baume bienfaisant, et ses belles couleurs.
Quand l'astre, enfin, surgit, vainqueur, du fond de l'onde,
Il redonne la vie à la terre féconde,
Le coq, sur son perchoir, salue à pleine voix
Son règne qui reluit de mille feux grégeois.
Tout s'éveille et tout chante en la nature entière,
L'oiseau dans son nid chaud, et la belle fermière ;
La rose se pavoise et s'offre aux papillons ;
Les vaches et brebis sonnent leurs carillons.
Le soc du laboureur s'enfonce dans la terre,
Le curé, lentement, quitte son presbytère,
Le maréchal-ferrant, soufflet en main, allume
Dans sa forge le feu, puis reprend son enclume.
Et tout un brouhaha dans le marché s'élève,
On entend les marchands, qui s'acharnent, sans trêve,
A crier leurs produits : poissons frais, fruits de mer,
Gigots, têtes de porc, olives camembert...
Les denrées sont là, sur tous les étalages,
Les ménagères font, sagement, leurs triages.
Dans les villes, le bruit, fébrilement, s'étend,
De faubourg en faubourg, en un rythme montant.
Et la lumière suit son majestueux voyage,
Pour réchauffer l'esprit et les coeurs de tout âge ;
Inévitablement, elle poursuit son sort,
Et sombre dans les flots ; et l'univers s'endort.
Demain, le jour viendra nous réveiller, peut-être ?
Comme toujours, son astre épandra son bien-être,
Puis sa ronde suivra son fatidique sort ;
La Naissance jouera aux dés avec la Mort.
Christian Cally.
Juillet 2002.