La Mouette
Il fait très froid ce jour d’hiver,
L’ouragan fait rugir la mer,
Un vent très fort souffle et maltraite
Cruellement une mouette ;
Elle a subi de grands dégâts,
Probablement dans des combats,
Elle est si frêle et délicate,
Elle n’a qu’une seule patte,
Elle traverse le chemin,
Pour se poser dans mon jardin,
Elle boite vers ma volière,
Une retraite hospitalière ;
Elle s’avance avec effroi,
Ses plumes sont en désarroi,
Mon poulailler s’ouvre et l’invite,
C’est bien tentant, mais elle hésite ;
En sautillant, elle entre enfin,
Car elle a froid et meurt de faim.
Mes braves poules généreuses,
Laissent rentrer la malheureuse,
Elles la laisse picoter,
Leur déjeuner, sans hésiter,
Même le vieux coq la salue,
Lui souhaitant la bienvenue,
Le coq lui dit : « Reste avec nous,
Ici nous vivons sans remous,
Notre maîtresse est très gentille,
Nous faisons part de sa famille,
Elle vient nous ravitailler,
Et nettoyer le poulailler,
Notre existence est comfortable,
Reste avec nous, c’est agréable. »
Mais la mouette lui répond :
« Je ne veux pas te faire affront,
Je veux te dire sans ambages,
Que je comprends les avantages,
De votre vie en ce lieu sûr ;
Mais moi, vois-tu, j’aime l’azur,
Je suis né de ces nobles races,
Pour conquerir les grands espaces,
Le vol est mon hérédité,
Mes ailes sont ma liberté,
Les monts, les mers, les champs, les plaines,
Sont les piliers de mes domaines. »
Ayant tout dit, le pèlerin,
Quitte son hôte et mon jardin.
Ce bel oiseau si plein d’audace,
Soudain me mit en face-à-face,
Avec mon sort de basse-cour,
Qui jalonna tout mon séjour ;
Si je reviens, mon coeur souhaite,
Renaître comme une mouette.
16 Mai 2005