La ronde
Lorsque l'astre du jour embrase l'horizon,
L'océan le reçoit dans un berceau de flammes,
Les vagues et les flots chantent une oraison
Pour cette boule de feu, qui s'éteint dans ses lames.
Bientôt l'écume jette au fond du firmament
Un beau disque d'argent pour éclairer les plaines,
Son vieux manteau mité, se traîne lentement
Pour couvrir l'univers et soulager ses peines.
Ces petits feux brillants veillent toute la nuit,
Sur le silence mort qui règne sur la terre,
Et qui, de temps en temps, est percé par le bruit
Du lugubre hou-hou d'un hibou solitaire.
Les champs des laboureurs s'assoupissent repus,
Une douce rosée adoucit leurs semences,
Les labeurs des humains sont tous interrompus ;
Les villes et les bourgs tirent leurs révérences.
Les gens vont au théâtre ou bien au restaurant,
Sous le ciel clignotant, les boulevards s'entassent,
Les cinémas sont pleins, le monde exubérant
Cherche hors de chez soi les choses qui délassent.
Dans son sein tenébreux l'astre accueille les pleurs
De tous ceux que le sort accable de souffrances,
Et qui n'ont d'autres liens que peines et malheurs,
Car ils ont tout perdu, même leurs espérances.
Par contre, dans les bois, les baisers, les soupirs,
S'opposent aux sanglots des âmes ténébreuses,
Ils parfument les coeurs de leurs mille élixirs,
Et font un contrepoids aux larmes douloureuses.
Mais bientôt, le silence, inévitablement,
Nous redonne la paix dans l'empire des rêves,
Pendant que tout sommeille, un doux gazouillement
Nous annonce la fin de ces heures, si brèves.
Le noir velours des cieux commence à s'éclaircir,
Comme un phénix en feu, l'astre du jour se lève,
Du fond de l'océan, que ses feux font roussir ;
Le chant du coq, au loin, dit que la nuit s'achève.
Depuis l'aube des temps, de clin d'oeil en clin d'oeil,
La ronde fait tourner le soleil et la lune,
Qui contrôlent nos jours ,du berceau au cercueil,
Et qui sombrent toujours dans les flots de Neptune.
Christian Cally.
Décembre 2001.