Lorsque j’avais vingt ans elle était jeune et belle, Nous étions tous les deux amoureux, pleins de zèle, C’était notre printemps, le parfums et les fleurs Transmettaient à nos corps d’enivrantes ardeurs.
A quarante ans encor nous étions pleins de vie, Nous grimpions les sommets avec grande énergie, Avec le vent en poupe on avait de beaux plans, On coulait tous nos jours comme dans les romans.
A soixante ans pourtant les vents froids de l’automne, Introduirent souvent des instants monotones, La fièvre n’avait plus la même intensité, Mais nous avions acquis luxe et prospérité.
Bientôt la neige vint pour peser sur nos têtes, Il s’évanouit le temps de nos belles conquêtes, Nous puisions dans le sac de nos jours de printemps, Pour attiser les feux de tous ces beaux vieux temps.
J’ai mes quatre saisons dans un écrin de soie, Elles sont mes joyaux malgré mes pattes-d’oie, Du printemps à l’été, de l’automne à l’hiver, Je me sens bafoué par les vents de l’auster.
Les amours de jadis ne sont plus que poussière, Eparpillés le long de ma longue carrière, Mais nous avons trouvé une autre intimité, Que nourrit dans nos coeurs une riche amitié.