Légèreté
Je porte sur mon dos mes ans comme une plume,
Ils s’envolent, légers, dans ce matin de brume,
Ils flottent gentiment emportés par le vent,
Car je suis un vieillard, content d’être vivant.
Je déguste mes ans avec la gourmandise
D’un homme qui reçoit comme une friandise
La douceur de passer, avec légèreté
L’automne de ses jours, dans la sérénité.
Les neiges de l’hiver sont sur ma chevelure,
Les vestiges du temps sont pleins de vermoulure,
Mais mon esprit est vif, et j’ai très bon espoir
De revoir le printemps, du haut de mon perchoir.
Lorsque j’ouvre mes yeux aux reflets de l’aurore,
C’est tout un nouveau jour ; la boîte de Pandore
Me comble de cadeaux, pour pouvoir alléger
Tous mes petits bobos qui me font enrager.
Je porte mon fardeau sans trop de lassitude,
Car j’égrène mes jours avec la certitude,
Que mes demains verront de nouveau le soleil,
Qui viendra caresser mon front à mon réveil.
Je sais, pourtant, qu’un jour, une aube sombre et froide,
Ne viendra pas chauffer mon corps sans vie et roide,
La brume du matin aura fermé mes yeux,
Pour donner à mon âme un essor vers les cieux.
J’irai, tout simplement, léger comme une plume,
Déposer le fardeau de mon oeuvre posthume,
Aux pieds de l’éternel pour lui dire merci,
Pour mon séjour sur terre, assez bien réussi.
11 Août 2004