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Christian CALLY

L'éternelle muse

La muse est éternelle, elle est, avec les anges,
Au coude du Seigneur, pendant la création ;
Son rôle est de fournir aux arts l'inspiration,
Et faire propager, de nation en nation,
Un unique langage, en des langues étranges.

A la tour de Babel, projet plein d'insolences,
La muse du Seigneur jette la confusion ;
La langue qui liait ce monde et sa vision
Multiplia les sens, en grande profusion,
Et cela engendra d'énormes conséquences.

Dès le début des temps, elle va d'âge en âge,
Elle parle le grec avec le grand Platon,
Et puis c'est en anglais qu'elle inspire Byron,
Et, presque au moment même, elle dicte à Villon
Sa fameuse épitaphe, au bord du sarcophage.

Le monde entier lui doit Mozart et Baudelaire,
Gershwin, Bossuet, Bach, Shakespeare et Tiepolo ;
Les âges sont, pour elle, un simple trémolo,
Qu'elle franchit d'un pas, d'Euripide à Hugo,
Et caresse, en passant, Thémistocle et Molière.

Sur les ailes du temps, sa présence surplombe
La musique, les mots, le grand, l'insignifiant ;
Elle inspire Goya, Flaubert et Maupassant ;
Elle veille au chevet du vieux Chateaubriand,
Lui dictant ses derniers Mémoires d'outre-tombe.

Elle fit de Rodin, grand sculpteur émérite,
L'égal de Michel-Ange, et des Greco-Romains,
Elle sait ciseler marbres et parchemins ;
Tous les grands musiciens, qu'ils soient Francs ou Germains
Ou d'autres nations, chantent sa réussite.

Après son amitié pour tous ces personnages,
Comment puis-je espérer recevoir ses ardeurs ?
Après tout, je ne suis qu'un de ses rimailleurs,
Qui doit se contenter de ses quelques faveurs.
Ce soir, je suis tout seul avec mes griffonnages.

Août 2002.