Mon Saule
En somnolant près de ma crique,
J'entends mon saule sangloter,
Je vois ses feuilles grelotter ;
Une bourrasque cyclonique,
Se lève pour le tourmenter.
Ses feuilles sont éparpillées,
Sur le gazon, plein de moiteur,
Ses branches tremblent de frayeur,
Flottant en l'air, dépenaillées,
Comme un épouvantail bretteur.
Bientôt, le vent courbe sa tête,
Son tronc se plie, en tressaillant,
Tout dénudé, tout larmoyant,
Cède, à la foudre, qui l'écrête,
Et puis, s'échoue, flamboyant.
Ô, quelles scènes effroyables,
Tout le bassin, et ses voiliers,
Sont consumés par des brasiers ;
Feux d'artifices incroyables,
Inquiètent les sapeurs-pompiers.
Je le regarde, ce grand saule,
Sa tête en l'air, ses pieds dans l'eau,
Qu'il était fier, qu'il était beau,
Il surveillait toute la môle,
Il n'est plus qu'un triste lambeau.
Adieu, mon saule, adieu, mon rêve,
J'entends ton souffle murmurer,
Ces mots qui m'ont fait tant vibrer ;
Je suis, ici, sur cette grève,
Le coeur en deuil, pour te pleurer.
Christian Cally.
23 Janvier 2003.