Poussière
Oh, souvenirs de ma jeunesse,
Ensevelis dans mon passé,
Au fond de ce lointain fossé,
Que j’époussette avec tendresse.
Magré les toiles d’araignées,
Qui couvrent ces vieux souvenirs,
Je vois les beaux feux des saphirs,
Sur ces images surannées.
Ces souvenirs sous la dentelle,
Que le temps a si bien tissé,
Pincent mon coeur qui fut blessé,
Par une ingrate demoiselle.
Sous mon plumeau, mes amourettes,
Se manifestent clairement,
Et je déguste avidement,
Blondes, rouquines et brunettes.
J’aimerais voir ces demoiselles,
Qui m’ont donné tant de plaisir,
Et qui, parfois, m’ont fait souffrir,
Sont-elles toujours aussi belles ?
Je revois ma blonde Diane,
Qui fit de moi son matador,
Elle m’offrit sa toison d’or,
Et fut ma première alezane.
Je me croyais invulnérable,
Quand je flottais de fleur en fleur,
Mais une rose emplit mon coeur,
D’une amertume perdurable.
Et maintenant, j’ai la sagesse,
De déguster tous mes plaisirs,
Et d’enterrer mes souvenirs,
Dans le tombeau de ma vieillesse.
14 Octobre 2003