SOUVENIRS.2ème Partie.
Je me souviens des jours heureux,
De Coeur-Vaillant, au Patronage,
Du Père Gaignoux, si généreux,
Un saint mentor, très chaleureux,
Qui me forma, dès mon jeune âge.
Mon coeur ressens le grand tourment
Qu'on a souffert après la guerre,
Quand, tout à coup, brutalement,
Tout s'écroula péniblement,
Quand on a dû quitter Le Caire.
On a subi le grand exil,
Entreprenant un long voyage;
On a quitté le bord du Nil,
Ce triste,triste mois d'avril,
Quand nous avons tourné la page.
L'Europe, après la guerre, était sans avenir,
C'était le Nouveau Monde, aux promesses brillantes,
Qui nous offrait le choix de pouvoir parvenir,
A faire du chemin, sans secousses violentes.
Il fut dur, le début,pour nous, les immigrants,
C'était un autre monde, étrange, angloceltique ;
Nous étions des latins, nous étions différents ;
Pour mon père le choc fut mortel et tragique.
Mais le temps a prouvé mon choix, très judicieux ;
Ma carrière a fleuri, malgrès quelques déboires,
Je ne sais pas qu'ailleurs j'aurais fait beacoup mieux,
Et je suis satisfait de toutes mes victoires.
Je m'attarde, souvent, remuant les tisons,
Du jour de ma rencontre avec ma chère femme,
Elle apaisa mon coeur, pointant des horizons,
Qui m'ouvrirent tout grand, les portes de Sésame.
C'est déjà cinquante ans qu'on scella nos serments,
Nous formâmes, ensemble, un heureux domicile ;
Nous subîmes des hauts et des bas, par moments ;
Le chemin ne fut pas, en somme, difficile.
Mais les noeuds de nos liens ont toujours tenu bon,
Malgrè quelques sursauts qui nous ont fait apprendre
Que seuls les compromis d'un mutuel pardon,
Auraient pu nous garder, nous aimer, nous entendre.