Le tic-tac oppressant chuchote A la seconde, à la mesure, il ôte Ce que la vie, l’involontaire suicide Promet de plus doux, de plus acide
Des soixante pas de la ronde Elle tombe, la minute, inlassablement Soixante fois encore, vite ou lentement Rien ne la retient, l’heure qui gronde
Le pas de danse des aiguilles Régulier, jamais le même, tourbillonne Qu’il soit long ou court, les souhaits s’abandonnent Recouverts, des grains qui défilent
Ainsi tous les regrets se meurent Enterrés, oubliés, dans ce vaste tombeau Ce sablier d’argent, ce petit lamento Qui se joue, fidèle à ses malheurs
Se balance comme un pendule Se tourne, se retourne, et tranche d’un fer Ces morceaux de chair, ces futures poussières Déjà plus, tel un crépuscule
Près des vingt-quatre coups du sort Quand cette montre, ce garrot sur nos veines Sonnera à minuit, l’abîme des peines Se lâchera alors, la plainte du mort.