Laissons le livre des souvenirs Grand ouvert S’effeuiller dans l’ombre A tous vents.
Chaque page qui tourne Sans bruit N’est qu’un frisson Vers un autre silence Un silence froissé Dans le regain d’une vie nouvelle.
Si la reliure avoue ses faiblesses Et si les dorures de ses tranches Ont perdu leur éclat Ce n’est qu’apparence trompeuse Car chaque page nouvelle Est pleine de couleurs Plus belles qu’autrefois.
Pourtant malgré cet étrange mystère Cette diable d’arrière saison Qui offre encore tant de douceurs Pourrait bien préparer en secret Un hiver précoce et glacé Avec pour dernière embellie Cette poussière d’étoiles Affranchie de l’espace et du temps Que jamais personne ne verra.