Au détour d’un chemin de lune La discrète armée de l’ombre Cachée sous les remparts de la nuit S’est levée dans le premier chuchotement D’un carré de lumière incertaine Qui tremble dans la vapeur des champs Et s’émeut du grand cri rauque D’un oiseau qu’on dérange
La campagne alanguie sent encore L’odeur fade d’herbe mouillée Et de paille fraîchement coupée L’aube violette appelle de tous ses vœux La tiédeur à peine naissante D’une chaude journée d’été Sèche les larmes du temps défait Au visage des premières heures du jour Puis entrebâille les portes du sommeil
Dans la grisaille restée ciel matinal Le paysage nu se dérobe à nos yeux Sous les phares d’une voiture Qui palpe les derniers recoins d’obscurité Conjurant les incertitudes de la vie en éveil
Dans la grisaille restée ciel matinal Une portière claque brutalement Puis on entend les premières paroles Qui du village montent jusqu’à nous Escaladant les voix blanches Délavées de silence.