Au mariage des fleurs Toutes les unions furent permises Car on savait que leur bonheur Ne vivrait que l’espace d’un été Ou d’un seul regard Et que les plus grandes beautés Seraient une grâce de l’éphémère
Une nouvelle variété de rose Nous offrit des senteurs exquises C’est elle qui devait ouvrir le bal Le bal des voleurs de fleurs Mariées contre leur gré Pieds et mains liés En superbes bouquets
On vit passer des visages épanouis Pour faire oublier que dans la fête Se cachaient quelques mines défaites Des clochettes tintaient discrètement Au moindre souffle de la brise Pendant que de grands lis noirs Majestueusement se balançaient En prenant des airs d’encensoir
Puis pour fermer le long cortège De robes de toutes les couleurs Portées par les reines d’un jour Le grand Machaon Grand maître des cérémonies De velours jaune et bleu vêtu Fit appel à un couple de scarabées Deux modestes « Sétonia aurata » dorés Qui se cachaient sous une feuille !