Sous l’empire de mes sens oubliés J’ai poursuivi l’aurore assoiffée de rosée J’ai sondé la profondeur aveugle de la nuit Ancrée au trouble infini de mes rêves.
En quête de sommeil j’ai parcouru sans trêve D’interminables rondes autour des heures Chevauchant d’étranges chimères A leur retour d’exil en de lointaines provinces.
Dans un théâtre d’ombres Le rideau est tombé Les lumières de la ville Une à une se sont éteintes Vacillantes comme les étoiles Emportant leur peine A l’aube d’un nouveau jour Puis dans la fosse d’orchestre La musique s’est tue Rompant un triste sortilège.
Dans un théâtre d’ombres Peuplé de silence et d’ennui J’ai joyeusement applaudi : Pedrolino de la Commedia dell’arte ! Un triste et sentimental Pierrot lunaire Pleurant dans son auréole de lumière.
Par leurs ficelles retenues prisonnières Deux marionnettes désarticulées Arlequin le bouffon et Scapin la canaille !
Une frétillante Colombine en robe de soubrette !
Dans la fosse des musiciens Buveur et querelleur Un Polichinelle endormi ! Épuisé d’avoir roulé sa bosse.
Dans les coulisses abandonné Ivre de pantomimes Un vieux perroquet muet Claquemuré dans son silence !