Aveuglé par un éclair blanc Inondant brutalement la forêt Foudroyé en plein cœur Dans sa parure de printemps Puis tombé en plein ciel Dans un fracas déchirant Sans jamais pouvoir se relever Et revoir un nouvel été.
Meurtri, brisé, déchiqueté.
Couché en travers d’un fossé Sur un lit de mousse tendre Comme une sentinelle blessée Agonisant au bord d’une tranchée Sous les derniers feux du soleil couchant.
Resté en tenue de camouflage Treillis de lianes et feuilles de lierre Sangsues végétales ruisselantes de vie Prêt à reprendre un combat sans espoir Mené depuis de si longues années Bravant insolemment les siècles Le long des chemins de pluie Sur le front ridé des champs En lisière de forêt.
Le vieux chêne centenaire attend Tranquille comme toujours Dans la sérénité des lieux Dans le silence qu’on aime écouter Une fois l’orage passé.
Condamné à une mort certaine Avant l’hiver prochain Le vieux chêne centenaire attend Couché dans son habit flétri.