Enracinés dans sa mémoire Comme autant de plaies Mal cicatrisées Ses plus lointains souvenirs S’effritent lentement Aux larmes du temps.
Ses plus lointains souvenirs A l’ombre desquels Ô divine surprise ! Elle vit encore S’égrènent comme son chapelet Aux grains d’améthyste usés Sous ses doigts de vieille bigote.
Dans l’église désertée Qu’on croirait désaffectée Elle bafouille ses patenôtres Recroquevillée sur son prie-Dieu Mais ses yeux brumeux Qui s’égarent sous la nef N’élèvent pas leur regard plus haut Que son balbutiement de prières Mal apprises et incomprises. Car il y a bien longtemps Malgré son immense bonté Que Dieu a quitté les lieux Devenus pour ainsi dire « malsains ».
Et l’ange doré Souffleur de poussière Délaissé par les « Monuments historiques » Mais pourtant prétendu « musicien » Ricane encore comme un bouffon Quand la lumière du soleil couchant Inonde de ses rayons La vieille bigote Nimbée d’une auréole !