Le long du canal Saint-Martin S’anime une foule bigarrée Car c’est l’heure où les ventres creux Remplis de mauvais vin De mauvais rires Et d’humaine fierté S’entassent devant leurs « niches » Et s’organisent en comités « Structurés » et télévisés.
Le présentateur du « vingt heures » Que tout le monde connaissait En avait d’ailleurs parlé Prenant son air triste Et sa mine de chien battu.
Plus malheureux que lui, tu meurs !
Le long du canal Saint-Martin De beaux bateaux défilent Qui fendent les flots et les cœurs Car c’est l’heure des croisières touristiques « Organisées » et « structurées ».
L’heure où s’épanouissent Dans leurs chemises fleuries Les touristes américains ou japonais Richement dotés d’appareils numériques Et qui de déclic en déclic Saturent leurs cartes-mémoire De 512 mégaoctets De souvenirs touristiques.
Ces demi-dieux aveugles Chaussés de lunettes noires N’ont d’yeux que pour leur écran Car c’est là que brille la lumière D’un monde qu’ils ignorent.