Tu es parti l’air décidé Presque arrogant Sans ton chien ni ton chapeau Sans avoir attendu un instant Que les voiles descendent vers Harfleur
Tu as noyé ton sourire Dans les eaux glauques du port Qu'en flaques paresseuses La marée grassement étale Sous la lourde panse des chalutiers
Tu es parti tête haute Chevaucher l’écume des vagues Sans ton gilet de sauvetage Pour défier les menaces du vent Cachant tes bras sous la voilure Et laissant nue la grande vergue folle Dans le délire suprême Et le désœuvrement de tes dix doigts
Et c’est sur le gaillard d’arrière Que la mer t’a surpris Le ventre à découvert Et l’anus en trompette Pour annoncer dans la tempête L’Apocalypse Le Jugement dernier Et ton naufrage.