Quand t’es mort Personne n’ose te le dire. Chacun parle à voix basse De peur que tu entendes Alors que déjà tu es à « tu » et à « toi » Avec le silence Et qu’il renferme en cet instant Une parcelle d’éternité.
Hier encore le poids des souvenirs Te tirait en arrière. Mais que veux-tu ! A force de reculer… Tu as fait sans le savoir Comme au bord d’une falaise Le dernier pas. Combien le premier coûte-t-il Et a-t-il seulement un prix Quand le dernier t’a ôté la vie ?
Cet instinct de survie Ce sursaut Aussi fort en toi Que le regain d’un champ de blé Et le cri des mouettes Au cœur de la tempête T’a fermé à jamais Les yeux sur la mort Mais t’a rendu si fort Que tu as pu clouer en croix L’inhumaine souffrance Dans ton grand lit douillet.