J’ai vu dans un ciel gris Des repentances de ciel bleu Et de vieilles nostalgies d’été. Mais, que voulez-vous … On ne peut être et avoir été !
J’ai vu des nuages prendre la fuite En ordre dispersé Ou lentes processions Devant l’arrivée des premières fraîcheurs Et des noires colères océanes.
J’ai vu dans un ciel «crapoteux » Des pluies qui refusaient de tomber Pour troquer leurs larmes Contre l’ivresse éphémère Des premiers flocons de neige.
J’ai vu des arbres accorder l’aumône En semant dans le vent Tout l’or de leurs branches Et d’autres se pencher humblement Dans un geste d’humilité.
Je suis allé interroger les aînés Ces émergences de la forêt Ces seigneurs couronnés Qui livrent un combat singulier Au temps exaspéré.
Ces arbres m’ont donné La juste mesure du temps : Celle qui défie nos mémoires Nos courtes mémoires d’hommes Qu’une génération suffit à effacer.
Sous la lenteur de leurs pas La mousse à l’ombre s’est endormie Et de ses doigts fleuris de neige Ne se réveillera qu’en mars, Au cri des premières violettes !