Je suis entré en moi Sans un bruit dans mon tumulte Pas un cri du bois Pas un grincement du pêne Rien A peine le crissement d'une larme Sur le désert d'une joue
J'ai poussé le verrou Comme on passe la main Sur un front moite Ou sur un ventre chaud Et la poigne qui me serrait le cou A relaché son étreinte
Le grabat rouge de ma peau Me tendait les bras Et dans un râle de vague Sur le cimetière d'une plage Je m'y suis étendu
J'avais payé mon dû J'ai fermé les yeux Et aux horizons de ma rétine Tout a vacillé Le soleil de ma nuit interne M'a mordu les paupières Insensiblement le galop furieux Des jours des soirs des nuits S'est estompé Mille hennissements l'ont salué Là-bas ciel et terre S'accouplaient sauvagement
Dans la gouttière oxydée De mes artères Le sang s'est remis à couler A longs glouglous Au rythme de ma respiration Se commet l'assassinat Inlassablement répété De l'oxygène Des armées en déroute Refluent dans mes veines Mon sang charrie des cadavres Les électrons même Ont déposé les armes Brisé les fusils Signé l'ignoble trêve Et aux créneaux de la citadelle Ne se dressent plus Que de sombres déclins Tandis que Dans mon poing crispé S'apaise La brûlure du poignard Qu'insidieusement l'on m'a glissé En me disant : La vie