Vous lisez Eluard ? C’est rare de nos jours En ces temps où la raison Porte l’arme des vainqueurs
Le livre attend posé Qu’une main vienne le saisir
Les mots ne cherchent pas de compliments Ils sont là Vertèbres noires qui soutiennent Les longs chemins de nos pensées
D’autres mangent tout autour Ils parlent de leurs vies Fantômes souples qui s’enfuient Sur un souffle Loin de vous
Le livre fertilise De ses engrais désespérés Vos yeux
Il est debout dans vos mains Il vibrionne de pensées Visions inachevées Des origamis se plient Se déplient Se replient Images enchevêtrées des visions du poète Et des frites croquées des bouffeurs de réel Qui vous bouffe la vie