Dans cet univers-ci Était un monde tout petit Pas vraiment différent Même assez ressemblant De ce que l’on connaît. Cependant, c’était pourtant Un monde sans musique Sans notes, sans instruments Mais rempli de moustiques Qui vous piquaient hardis Au La du diapason Dans vos moindres replis Oh, tous ces hou-la-là ! Ne font pas la chanson… Les gens, il y avait des gens Avec des têtes de scaphandres Hérissés de picots en couronne comme des Covids greffés Sur de troublants trombones Sur des silhouettes étirées Celles d’Alberto Giacometti Les gens savaient, c’est ainsi Adopter tant de personnages Des pierrots des Cassandre Incarner les anciens en hommage Et quand ils changeaient de rôle Les débuts étaient souvent drôles Avant de prendre toute la mesure L’aspect la prestance et l’allure Se fondre dans le personnage Ô désespoir ô rage N’ai-je donc tant vécu Pour une poignée d’écus On pouvait souvent les croiser Répétant laborieux les célèbres Les grandes gloires, les illustres Et pas question d’improviser Codifiés depuis des lustres Rien n’était dans la ténèbre Et des vies gravées, en partition Avec les gestes dans la tradition On pouvait risquer un procès En déviance en excès Ou gagner des lauriers On pouvait perdre la raison Se fossiliser dans la fonction Et n’avoir en guise d’oraison Que l’outrage de falsification.