Quand on m’entend parler à mes yeux Y en a que ça inquiète. Il faut dire que mes yeux n’en font qu’à leur tête ; Et que parfois c’est dangereux ! Je me souviens d’un soir, Ils m’avaient carrément laissé choir, Pour aller battre la campagne. Et bien sûr j’étais en hargne… Je leur ai souvent promis les œillères, Comme aux chevaux ; Mais je ne suis qu’un pauvre hère, Et les punir, c’est chaud ! Pourtant le coup de la portière… C’est à cause d’eux ; Ils n’ont plus osé bouger de la paupière, Un jour ou deux ! Pour autant, ils ont le sens de l’esthétique Et aiment bien partager. Bernique ! Vise cette franche silhouette qui longe le canal ! On dirait qu’elle danse, déliée, une vraie vestale. Parfois ils sont portés sur des bagatelles Et m’en font alors part. Patelle ! Vois cette fée perchée, bas noirs et jambes fuselées, Qui têtue, découpe l’espace à petits pas pressés. Alors que dire, alors que faire, Mes yeux n’en font qu’a leur tête, Et tant pis, il faut les laisser faire… Car pour eux c’est toujours un peu fête.