Que faire que dire pour l’emporter sur la raison Faute de garder les pieds dans ses petits souliers On part, on s’encanaille dans des chemins profonds Quand on revient en société c’est pour voir exposé Toute la fatuité et les choses inutiles qui encombrent l’espace Alors on se dit que toujours partout on n’est plus à sa place Que décidément le monde court à sa perte Façon de se consoler de n’avoir plus de liens D’être au monde, étriqué telle une peau de chagrin Même sa compréhension d’emblée n’est plus offerte Et il nous faudrait au moins faire l’effort de décrypter, De s’approprier toutes ces nouvelles façons d’exister. Alors on préfère arpenter des chemins oubliettes Dans la mémoire du temps et les ruines poignantes ! Qui n’ont plus d’intérêt sauf pour une faune en quête D' abris, cette ancienne magnificence bien tentante Où des hommes ont vécu, aimé, souffert et rêvé Là où ne subsistent guère de pierres aux cimetières Qui sont des sortes d’os blanchis sous les intempéries Et l’on cherche cheminant sur d’anciens pas à imaginer L’art de vivre dans ces lieux ou restaient des gens fiers Qui n’auraient jamais trahi ni quitté leur petite patrie S’il n’avait fallu payer le tribut aux guerres et désespérer Faute de bras valides, devenant les vaincus de la paix Et ne plus pouvoir résister à l’appel l’espoir du progrès Mais du progrès, un siècle plus tard le monde abîmé Semble vouloir s’en détacher ? De-ci de-là, on retourne, on défriche, on arrache. Parfois se relèvent les murs, les toitures Et coulent à nouveau les fontaines…