J’ai grimpé tout là-haut, là-haut tout près du ciel. Et tout était mouillé et les bois si rouillés Tordus d'épuisement, figés dans leur sommeil, Découpant dans l’azur d’impensables ramées.
Et là près des rochers de grisaille parure La bruyère sauvage, mantille ciselée Qu'araignée pointilleuse a tissé de gelures Mets sa coiffe de fils et perles dentelées.
Où donc est le bouvreuil, le geai et la mésange, Aucun écho ici n’émeut le moindre ru. Le ruisseau turbulent dans l’hivernale fange Croule sous les bois morts par le vent, abattus.
J'ai vu de grands oiseaux à la sombre envergure Piquer dans les nuages, disparaître soudain Sans un froissement d'aile, l’œil aiguisé de faim Plonger dans la prairie pour y trouver pâture.
Tout dort! Pesant silence avalé de brouillard. Sous un frisson furtif les bois vont disparaître. Revêtue d'un manteau rugueux de maquisard La montagne s'ennuie, et voudrait bien renaître.