Tu as dénoncé ma beauté insolente, M'as livrée en pâture Aux prises avec ce fauve Dévorant mes entrailles. Il se tord, il s'agite, Jamais ne se soumet. Mon sommeil est haché, Cette tourmente me réveille Et m'entraîne Sur des chemins hasardeux Jonchés de pierres aiguisées, Et mes pieds saignent D'espérer encore le mouvement. Seule cette douleur m'anime, Ma lutte sera-t-elle vaine? J'implore ta pitié, Ce manque est un supplice, Je suis par toi suppliciée. Et malgré tous ces maux, Le monstre en redemande. Et j'aime le nourrir, Car je peux te l'offrir. Ce barreau rompu, Il me tyrannise. C'est cette fulgurance Qui à présent me ronge. Loin de moi, je te redoute, Près de moi plus encore. Cet amour enivrant me dévore. Il est né de tes mots, Et seuls tes mots l'apaisent. Il n'est plus de durée, Il n'est que la lenteur Des jours passés sans toi. Je suis ton étrangère, Tu es mon adoré.