J’avais pris le chemin qui doucement s’enroule Autour de la colline, au-dessus de Gruissan Long collier de pierres aux arêtes saillant Jusqu’à cette chapelle où le sentier déboule.
Au sommet du plateau les arbustes bruissant Sous le vent, me disaient comme la vie s’écoule Douce, lorsque s’en va du fol été la foule Comme à l’horizon fuit le soleil pâlissant
Et tout autour de moi cette belle eau si bleue Comme un regard ami me semblait familière Par sa faute pourtant des familles entières Avaient souvent pleuré de douleur en ce lieu
Car si la généreuse et nourricière mer Offre ses poissons d’or à ses enfants heureux, Ses courroux font trembler même les valeureux Marins, devant lesquels s’ouvrent les flots amers
Si jeunes, si nombreux, ces pauvres matelots Leurs cénotaphes gris, couvercles entaillés D’épitaphes, regrets de parents endeuillés Tombes vides de corps transis au fond de l’eau
Je lisais tous ces vœux, de désespoir mouillés Dans la chapelle aux murs saturés d’ex-voto A l’époux, à l’ami, au fils, partis trop tôt Tableaux ou médaillons, hommages dépouillés
Et moi qui ne crois plus, ni à Dieu, ni à diable, Devant ce chapelet de décès effroyables M’arrêtant d’âme en âme, je me mis à prier