Je n’aime pas de l’été la chaleur torride La ville écrasée de torpeur et les rues vides Maisons barricadées de persiennes baissées Jardins abandonnées, tonnelles délaissées
Robes de soie des fleurs aux éclatants pétales Flétries par trop d’ardeur du bel astre brutal Il les serre de près cet amoureux jaloux Gâchant le plaisir de l’annuel rendez-vous
Je n’aime pas la moiteur des chairs amollies La lenteur des gestes de nos corps alanguis Où défaille la pensée qui ne trouve de paix Qu’en la sieste forcée à l’abri d’un lieu frais
L’air tremble de peur sous la brûlante caresse Et tâchant d’échapper au grand roi qui le blesse Dessine vaguement les contours d’une mer Qui s’éloigne toujours ou redevient poussière
Je n’aime pas enfin, malsains bourdonnements La mouche ni la guêpe et leurs vrombissements Le moustique à la nuit, myriades sur ma peau Ou le taon se cachant dans la fraîcheur de l’eau
Des grandes vacances l’interminable ennui Sans partager des autres la joie ni le bruit Comme je donnerais volontiers mes étés Même pour des hivers durant l’éternité