C’est un filet qui source Il fait perler vos yeux et rosir votre bouche Un ru fragile s’écoule Et tout à coup se penche et puis vacille et tremble Le fond de l’âme coule On résiste et sans plus de vouloir On courbe l’échine On s’incline On se donne De mots et d’étreintes le ruisseau S’enfle il est fort Il se gonfle et jaillit Déborde et divague dans vos nuits qui tressaillent Vos aurores qui s’échouent ! Son eau libre et folle Contre les pierres se cogne Les frôle les baise les cajole Puis les creuse et ruse et sans pitié les rogne Vous livrez à ses flots votre corps en lambeaux Et vous lapez encore et encore les lames sans repos Mais le torrent se lasse et bientôt se tarit Vous guettez une goutte Pour calmer votre soif Vous sucez l’herbe sèche Vous grattez dans la boue Le torrent s’est tari Déserté votre lit Sur les galets Vous pleurez Vos larmes Buvez.