Le ciel était bleu et dans cette mer sage Les nuages trainaient de longs sillons d'écume, L'air doux et parfumé caressait mon visage Soudain je l'ai vu, il pleurait là, sur le bitume.
Son chagrin semblait fort mais était silencieux Pas une plainte, pas un son ne sortait de sa bouche, Juste l'eau qui coulait du brouillard de ses yeux Et moi, un homme qui pleure, voyez-vous, cela me touche.
Je ne pouvais détacher mon regard de tendresse Des gouttes de chagrins qui suivaient le chemin Des rides que la vie avait creusées avec largesse Et qu'il essuyait du revers de sa main.
Il ne regardait rien, juste devant lui Mais que voyait-il sur cet invisible horizon, Pleurait-il un amour, pleurait-il un ami Car pour qu'un homme pleure, il faut une raison.
Qui donc,le premier, a eu la stupide impudence De prétendre qu'un homme, un vrai, ne pleure pas, Moi, je vous aime avec vos joies et vos souffrances Vos forces, vos faiblesses, votre sensibilité, vos émois.
Parmi tout les passants, certains ont le sourire Pourtant moi je suis là, avec la gorge serrée, Envie de le consoler et envie de leurs dire Que ce n'est pas bien de rire de voir un homme pleurer.
Vous voir pleurer, messieurs, me fait tellement de peine Vous qui préférez souvent cacher votre douleur, Entendre vos sanglots me vide chaques fois les veines Et le sel de vos larmes me brûle chaque fois le coeur.