Il peint
Il peint ce qu'il voit et ce qu'il imagine,
Il nous laisse avec des suggestions jamais anodines,
C'est un coin dans la campagne, un chemin bordé de capucine
Un déjeuner sur l'herbe fraîche, le pas d'une ballerine.
Il peint, il fixe la cavale d'un escargot,
A travers le temps l'empreinte du pinceau,
L'envol d'un oiseau, la courbure du roseau;
L'abeille qui butine au coeur d'un coquelicot.
Il peint et se laisse guider par ce qui l'entoure,
Ses gestes, ses songes ne sont que du velours,
L'histoire des toiles valent mieux qu'un discours,
La beauté d'un art que l'on pourrait appeler Amour.
Il peint la stupeur d'un monde souvent aveugle et tricheur
Ou bien, la légèreté du bohneur,comme un prédicateur,
Le moindre détail, l'obsession du relief, de la couleur,
L'ombre, la lumière, le mal, le bien, ce contraste majeur.
Il peint, il est amoureux de sa muse et de la nature,
Face à une porte close, découvrir à travers la serrure,
La nudité de cette belle, dans une drôle de posture,
Et l'oeil coquin s'attarde sur cette déchirante créature.
Il peint des images de la vie et en fait des tableaux,
Epicurien, il est gourmand de tout ce qui est beau,
Inlassablement, il fixe le temps comme un cadeau,
Un présent qu'il ferait avant d'être dans son tombeau.
Il peint, mais il est malheureux et fragile,
Comment faire ressentir l'odeur d'une jonquille,
Une pluie d'été tombant avec un soleil qui brille,
Le parfum des îles et l'odeur de vanille.
Il peint ce qu'il voit, il y a tant à découvrir
Il s'inspire de l'air du temps qu'il peut décrire.
Il ouvre son coeur et se laisse aller pour bâtir un empire,
C'est un besoin, un désir, la necessité pour ne pas mourir.