Je voudrais être trombe d’eau Pour dégringoler sur la terre, Bondissant de plaine en coteau D’un bruit terrible de tonnerre. Je me mêlerais à vos larmes, Tenterais de noyer vos peines, En étouffant le feu des armes Dans ma colère diluvienne.
Si, seulement, j’étais fait d’eau, Je pourrais abreuver vos songes, Me faufiler sur votre peau, Être le torrent où l’on plonge. Je me mélangerais au vin Pour prendre part à vos ivresses, Je vous porterais au Divin, Par mes aquatiques caresses.
Si j’étais une goutte d’eau, Je voudrais tomber dans la source Par laquelle naît tout ruisseau ; Ainsi, durant ma folle course, Je me verrais disséminé Dans tous les flots, toutes les ondes, Témoin muet des destinées Des multitudes de ce monde.