Dans la vallée ou la bataille a pris fin et où croupissent Des cadavres pourrissants s'échappe à présent une vapeur Brunâtre et malodorante qui me fige de dégout. J'avance pas à pas en évitant de croiser les regards creux et ternes des Dépouilles, car peut-être que dans cet amoncèlement D'horreur figure un de mes compagnons. Je ne souhaite pas Garder d'eux comme derniers souvenirs une image de néant. Je tente de me rappeler comment nous en sommes arrivés à ce Jeu sordide et fou. Mes vêtements sont en lambeaux et le Sang qui s'échappe de mes plaies me souille. Ce monde est il réel ou cet amas ocre et rouge qui M'entoure n'est qu'une illusion ? Je déambule depuis plusieurs heures dans ce qui semble Avoir été une grande ville. Sous mes pieds nus des insectes Et autres vermines sont écrasés sous ma foulée. Enfin je perçois des signes de vie sous la forme de Gémissements et de lamentations. Ce sont de petits enfants En haillons couvert d'ecchymoses et de lésions infectées. Ils se nourrissent avidement de ce qui me parait être de la Chair crue suintante et putride. Je remarque à leurs côtés Un corps d'adulte dévêtit et décharné qui hante mes Pensées. Ces gamins tremblants qui mangent cette viande Suspecte deviennent mon obsession. Je m'interdis rapidement De tenter de savoir l'origine de ce qu'ils sont occupés à Manger. M'éloignant de cette scène dérangeante je note que par Endroit le brouillard toxique est fendu en dentelle par une Lumière agréable et douce, telle la banquise par un brise Glace. Je me sens guidé et attiré par ce halo chaud et Blanc qui se noie dans cette brume épaisse. Comme si mon Sursit était dépendant du chemin qu'il me faisait parcourir En le suivant. Les victimes des précédentes attaques décorent tristement La route sur leurs crucifix, faisant la joie des corbeaux Qui commencent leur funeste repas par le ventre et la face. Les hurlements des chiens et des loups au loin résonnent en Une grotesque messe. Les traces de civilisation Disparaissent, plus j'avance et moins je croise de vivants. Je ne compte plus les jours et les nuits de marche que je Viens de faire depuis mon réveil. Il m'est très difficile De différencier l'alternance, tant diurnes et nocturnes se Ressemblent. Cette bruine irrespirable et opaque occupant Tout l'espace qui m'entoure interdit toute clarté. A part Cette irrésistible aurore que je devine toujours devant et Que je suis encore fidèlement. Je ne sais même pas qui a gagné cette guerre mais je suis Certain qu'elle n'est qu'en veille. Que demain les hordes Du mal auront à nouveau formé leurs troupes et se Rassemblent. Ma foi me quitte, je me battais pour le bien Mais je vois que les marcheurs se sont multipliés. Bientôt Je serais le dernier qui respire, je crains de ne plus Croiser que ces morts vivants. Seigneur ou est passé l'amour, ou sont les fleurs, les Sourires et ou dois-je me rendre ? Je vous implore ouvrez moi les yeux sur ce qu'il y a de Beau à continuer d'espérer. Mes forces me quittent, je ne Suis plus que l'ombre de moi-même, une épave à la dérive. Je délire tellement j'ai vu d'image inhumaines et de scène De barbarie abjecte.