Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Christophe LOMBARDI

Spleen

Je me sens plus vieux que les mornes décombres
Des palais taciturnes aux couloirs glacés
Où se sont inéluctablement effacés
Les vivants, devenus de misérables ombres.
A l’instar de ces ruines peuplées de spectres
Que ne célébrera plus les cordes d’une lyre
Dont les cordes ne vibrent plus avec les plectres
Successifs dans le mutisme de ses soupirs,
A l’instar de ces constructions que le temps
Engloutit à travers son appétit vorace,
Les marque depuis longtemps à tous les temps
De son indélébile et corrosive trace,
A l’instar de ces blocs imprégnés de poussière
Et usés par les chagrins hasardeux du ciel
Aux nuées ténébreuses, pleines de fiel,
Empreintes de rage pour la chose grossière,
A l’instar de ces sculptures agonisantes,
Perdues au sein de la végétation
Ornée d’épines et de fleurs florissantes
Qui jouent avec elles par déprédation,
Je suis riche d’une multitude pléthorique
De souvenirs divers qui hantent ma mémoire
Aussi vaste que la mer à l’amère moire
Et qui ne sont point dignes de la rhétorique.
Un château aux oubliettes épouvantables,
Au donjon vertigineux, aux créneaux tombés
Occulte moins de secrets sous ses toits plombés
Par le temps que mon être aux lacis redoutables.
Je suis le souvenir d’un arbre, d’un tronc verdâtre
Et vermoulu dans le coin reculé d’un bois
Où se hasarde parfois le vent aux abois,
Un figuier pourri que ne brûlerait l’âtre,
Un reste de végétal aux branches cassantes
Où gît tout un bouquet de feuilles séchées
Parmi les ombres humides et alléchées
Par les fragrances putrides et harassantes.
Rien ne rivalise en longueur avec le jour
Boiteux, lorsque sous le manteau blanc des années
L’ennui sur les réminiscences surannées
Rampe en sifflant et se love dans mon séjour.
Désormais je ne suis qu’une ombre environnée
D’une vague terreur dans cet endroit perdu
Où ne s’aventure la clarté chevronnée
Au sein de laquelle je me trouve éperdu.