Michel était assis au bord de la piscine De cet ancien hôtel où nous venions souvent ; La guitare à la main, ses longs cheveux au vent, Il allait nous guider vers une autre "officine" :
Un vieux bar malfamé du fond de Viñales Qui cachait, en son sein, un alambic étrange Duquel pleuvait à verse un beau liquide orange, Ambré comme le feu : le rhum des mogotes...
Nous nous mîmes à boire, à chanter et à rire ! Son groupe de salsa nous faisait tournoyer Dans la moiteur torride où sombraient les noyés De la nuit, dévoyés, esclaves d'un empire.
Il parlait haut et fort en fumant le cigare, Barbu comme le Che, hagard comme Hemingway, Et cherchait, dans l'alcool, le moyen d'oublier Que ses chansons n'étaient qu'un pavé dans la mare...
Ah, Cuba ! Ta musique enivrante et ton rhum Peuvent rendre la vie à plus d'un malheureux Mais Dieu sait qu'il y a, sous tes cieux chaleureux, Plus d'un poète éteint par le dessein d'un homme.