Te souviens-tu du jour où, parcourant les prés, Les prés de nos amours, nous nous dîmes nos songes ? Nous étions, en ce temps, à l'abri des mensonges, Le printemps nous ouvrait ses longs chemins diaprés...
Depuis, l'Homme a bâti, sur ces vastes prairies, Des totems de bétons, pour sa postérité, Qui tourmentent le ciel et son éternité, Ecrasant sous leurs pieds nos arcades fleuries.
Il est bien loin ce jour, aussi loin que l'azur, Aussi loin que l'amour, à l'autre bout du monde, Egaré dans le temps, et sa clarté n'inonde
Plus nos vies à présent... Non, tout est si obscur ! Conserve, je t'en prie, ces instants en mémoire, Ils sont notre salut, ils furent notre histoire.