Et Orphée descendit aux Enfers Là où Eurydice n'était jamais allée...
L'air y était noir d'ombres Aux visages grimaçant Qui secouaient leurs corps en une danse impie. Surtout ne pas se retourner! Derrière est la lumière Que l'on veut oublier !
Le concert de leurs voix Créait une onde sourde Aux poussées lancinantes. Leurs gestes silencieux Dessinaient dans l'espace d'étranges univers; Leurs corps s'oignaient d'une huile Epaisse et mystérieuse. Surtout ne pas se retourner ! Derrière sont les mots Qu'on ne peut plus entendre !
Chaque regard l'enfonçait un peu plus dans la nuit. Les souffles étaient plus proches, Les parfums plus présents. Il les frôlait maintenant Juste d'un simple désir, Mais s'arrêtait encore A vouloir les toucher. Surtout ne pas se retourner ! Les rêves sont derrière : Il faut dormir ailleurs !
Tendu comme un archet Son élan suspendu aux marches de l'abandon Son âme ne veut plus suivre. Les parfums et les bruits Forment Comme un sabbat Comme un puits Comme un piège Où elle le sent glisser. Surtout ne pas se retourner ! L'âme reste en arrière ! Il ne faut pas penser !
Aux appels silencieux Il rompt l'hésitation. Et les ombres s'écartent Pour lui faire sa place. Maladroit, gauche, honteux, Ses mouvements trahissent Sa toute jeune arrivée. Mais à l'oubli qui vient Il se sent fondre aux ombres, Prendre corps à leurs jeux. Surtout ne pas se retourner ! Ici est l'autre vie Quand on n'existe plus.