Nuit d’effroi ! De blafardes lueurs déchiquettent Le ciel d’illuminations vacillantes et la silhouette De La ville, au loin, grésille de tous les incendies Et se livre, impuissante, aux pilleurs, aux bandits.
Les pauvres hères disputent leur pain aux corneilles Qui s’abattent, comme une pluie noire, sans pareille, Comme autrefois les villages étaient livrés aux loups, Alors que manants étaient seulement armés de houes
Dans la rue l’on voit courir, de droite et de gauche, Des hordes de gamins invités à la folle débauche. La prison éventrée s’est vidée de ses prisonniers, Brandissant machettes, fusils comme des guerriers.
Le feu et les hommes continuent leur travail de perse, Quand venant du haut des nues s’abat enfin l’averse. Les sirènes déchirent l’air et maintenant des soldats, Casqués et en arme, tirent sans sommation, dans le tas
Lorsque le jour se lèvera, l’on comptera les morts. Les blessés se sont cachés, craignant pour leur sort Et dans l’encoignure d’une porte, blotti contre sa mère, Encore accroché à son beau sein blanc, un enfant dort.