Reflets du soleil sur un lac endormi, Des ombres fuyantes suspendues au silence Dérivent dans les feux de l’astre fébrile, Dérivent en mon âme en demi somnolence.
Sur ces eaux de lumières charmées de pénombre Se mirent les visages ténébreux de mes peurs. Grisailles irréelles et empreintes sans nombre Qui tapissent l’eau limpide de remords et d’horreurs ?
Combien de fantômes, combien d’âmes perdues Rodent et combattent dans ce pâle univers ? Qui songent aux présences de ces hommes déchus Qui plongent nos rêves en de profonds mystères ?
Mais les jours passent ainsi, sans que nul ne s’inquiète Des projets indicibles d’ancêtres oubliés De ces noms effacés qui tournoient en nos têtes, Qui pourtant, à jamais, écrivent nos pensées.
Reflets des ténèbres sur un lac endormi, Ces mirages effrayant des lumières du noir Alors, glacent mon âme inconsciente et sans bruits Transforment ces eaux en étrange miroir.
Miroir si fragile d’un monde si lointain, Miroir trop subtil pour traduire sans faiblesses L’immense infinité d’un regard humain, L’immense éternité des forces qui le pressent.
Mes yeux déchirés par l’ultime détresse Brûlent en ma tête ces images sans fin, Brûlent ces cauchemars qui déjà disparaissent Pour laisser mes paupières clore leurs desseins.