On ne meurt que trois fois – D’abord c’est la lumière Qui te pète les yeux tant c’est beau d’infini Tes minuscules yeux, petit grain de poussière Et fait battre ton cœur tambour d’or symphonie
Tu es le petit né des splendeurs océanes Des douceurs des chaleurs et du grand cœur qui bat Tu es l’île larguée loin des terres médianes Et ton cri va cogner les murs très loin là-bas
Chassé du paradis exilé des magies Te voilà viande crue nu dans cet hôpital Toujours s’accrocheront toutes tes nostalgies A ce rêve tranché par le scalpel brutal
*
On ne meurt que trois fois – Et revoilà la Femme Celle qui t’a nourri te renourrit encor De baisers de câlins d’étincelle et de flamme Comme si dans ses yeux naissaient des villes d’or
Et tu en es l’amant le roi couvert de gloire Tous les deux appelés à régner à jamais Vous foulez de vos pas ces terres dérisoires Fécondant les bonheurs bâtissant vos palais
Tu construis peu à peu ce grand livre d’images Autour d’elle et de toi et de tous tes enfants Crèche bâtie pour tu ne sais quels rois mages Mais partout te suivront tous les regrets d’avant
*
On ne meurt que trois fois – Voici que tu es seul Portant tout le fardeau des paniques glacées Redoutant ce cercueil en planche ce linceul En grosse américaine noire et déplacée
Tout quitter tout laisser carré noir dans l’azur Tu glisses lentement Le néant te submerge La vague obscure passe et le vent souffle sur Ton vaisseau éloigné de la dernière berge
Et l’île où tu abordes ce grand rocher sec C’est la dernière auberge – ou est-ce la première ?- Tout s’éteint Revoilà la peur la mort l’échec - Et pourtant devant toi revoilà la lumière –